Versailles : vive la dette ?

Publié le par comet

(Article publié sur Marianne) Vantée par Woerth et célébrée par Sarkozy, la dette est devenue la nouvelle solution miracle pour lutter contre la crise... Une remise en cause de l'orthodoxie budgétaire qui ne gêne pas un Ministre qui n'a cessé de prôner la rigueur pendant des mois.
Par Sylvain Lapoix & Cédric Omet

Jusqu'à peu, Bercy demeurait la forteresse imprenable de l'orthodoxie budgétaire : il y a un mois encore, Eric Wœrth, le cœur sec à la relance, répétait aux Echos « La maîtrise de la dépense publique est notre priorité absolue.»  

Mais le discours tenu depuis le début de la crise s'est violemment lézardé dimanche 21 juin au Grand jury RTL - Le Figaro - LCI : face à Jean-Michel Aphatie, il n'a pas fallu plus d'une minute au ministre du Budget pour renier des mois de discours : «Le déficit, c'est une arme contre la crise», déclarait-il avant de dresser l'équation hérétique : déficit = coût de la crise + prix de la relance.  

Depuis le 15 juin et la révélation des comptes de la Sécurité sociale, le gouvernement retourne sa veste d'anti déficitaire qu'elle avait si bien reprisé pour faire face aux intempéries de la crise. Les 320 milliards de refinancement des banques devaient ainsi devenir un bénéfice quand les banques rembourseraient leurs intérêts à l'Etat. Et pourtant : bien que Baudoin Prot ait prévu de suivre la tendance américaine et de rendre les sommes contractés dès 2010, Eric Wœrth ne jure désormais plus que par la dette saine et productive.

La France face au pacte de stabilité de la zone euro
Dans le même temps, les déficits publics grimpent dans toutes les économies européennes. Plus de 7% pour la France, l’Espagne et l’Italie et 6% pour l’Allemagne. Toutefois, ces déficits apparaîtraient presque anecdotiques à côté des près de 10% de déficits des Etats-Unis, les 13% du Royaume-Uni et les 15% en Irlande. Le temps de la rigueur budgétaire est bel et bien terminé. C’est en tout cas le souhait de Christine Lagarde. La ministre des finances appelait en effet ses homologues européens à un assouplissement du Pacte de stabilité qui limite à 3% le déficit et 60% la dette publique. Un appel qui laisse pour l’instant de marbrela Suède ayant décidé de placer sa présidence européenne  vers « la fin des déficits excessifs », car « il vaut mieux un peu de régulation efficace que trop de régulations, qui pourraient embarrasser les marchés. »  

Un constat en forme d'exigence pour ce pays nordique qui avait fait sienne la politique de rigueur économique afin de réduire sa dette publique. Une réduction substantielle, certes, comme au Canada au même moment ; mais une réduction en contrepartie d'un affaiblissement sans commune mesure du système de santé et de la dégradation de nombre d'infrastructures, comme les routes au Canada. Alors force est de constater que les moindres déficits publics de ces pays (3 à 4%) comparés aux autres pays européens, ne sont que la face émergée d'un Iceberg dégradé de la protection sanitaire et sociale du plus grand nombre.  

Retrouvez cet article sur le site de Marianne

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E
<br /> <br /> A propos de dette publique<br /> <br /> <br /> Voir le documentaire « L’argent dette » de Paul grignon<br /> <br /> <br /> et jeter un oeil à l’article 128 du traité de Lisbonne (ex 144 du traité de maastricht)<br /> <br /> <br /> http://www.eyeswideopen-over-blog.com<br /> <br /> <br /> <br />
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