Les fossoyeurs de l'emploi : le RSA de Martin Hirsch

Publié le par comet

Article publié sur Marianne
Martin Hirsch est arrivé, en se pressant, et il a créé le RSA pour faire disparaître les pauvres. Au final, le projet a surtout réussi à compliquer la vie des chômeurs, et à alourdir la charge financière de départements qui seront bientôt incapables de répondre à la demande.


’inventeur autoproclamé du minima social qui incite à la reprise d’un travail – le RSA – qui  remplace un autre minima social qui fonctionnait peu ou prou de la même manière – le RMI – sans rien avoir changé à la situation des bénéficiaires – les pauvres – n’en  démord pas. Le RSA doit faire du chiffre vaille que vaille et le fait qu’il ait décroché le million avant la fin de l’année 2009 ne lui suffit pas. Le grand bond en avant dans la pauvreté devant aboutir à ce que chacun d’entre nous ait un parent, un enfant, au pire un cousin ou une vieille tante bénéficiant du RSA. Quitte à le filer aux jeunes plutôt que l’autonomie, quitte à brader les droits des chômeurs en le substituant à l’ASS (Allocation Spécifique de Solidarité). 

Vous l’avez compris, le RSA sera à la mode en 2010 et servi à toutes les sauces.

LE RSA OU LA CONSÉCRATION D’UN PAUVRE
Heureusement, Hirsch est là. Le RSA, c’est «pauvrevore». Chaque fois qu’un nouveau pauvre s’en vient, qu’il soit jeune ou vieux, qu’il ait des droits ou pas, il est désormais aspiré par le RSA, seule garantie qu’il reste définitivement pauvre, voire même qu’il s’appauvrisse avec le temps. Car dans les faits, le RSA, c’est un système très perfectionné qui subventionne le surplus de travail d’un salarié qui ne gagne pas grand chose pendant que son patron peut quant à lui déculpabiliser de sous-payer ce même salarié. En clair, c’est un système qui incite un salarié à travailler plus sans que son patron ne le paie plus, effet de seuil oblige. 
On pourra toujours se rassurer de l’embauche de 1000 CDD à Pole Emploi, probablement des futur ex rs’istes qui auraient profiter de l’ASS défendue par Wauquiez alors que Hirsch leur promettait le RSA. Bref, des futur ex-pauvres sortis de la pauvreté grâce à des plus pauvres qu’eux. 

Là, rien à faire, on ne peut pas dire que la politique de réinsertion sociale du gouvernement ne fonctionne pas. Ca deviendrait presque récurrent comme système. On a sauvé le système financier international pris dans les tourbillons d’une crise de surendettement en endettant les Etats. On sauve les pauvres d’une crise de l’emploi privé en créant des emplois publics pour s’occuper de ces pauvres. La mécanique est huilée, il y a de la cohérence dans cette affaire-là, et Hirsch n’y est pas pour rien, lui qui promettait le système miracle censé faire bosser tous ces « fainéants » de chômeurs.  En résumé, le RSA, c’est un transfert de charges qui allège le budget de fonctionnement des entreprises privées en alourdissant le budget de fonctionnement de l’Etat.

LE GRAND TIMONIER DES PAUVRES TOMBE DE SON PIÉDESTAL
En allant au bout du raisonnement, on en arriverait presque à défendre le fait que Pôle Emploi accélère l’externalisation du suivi des 340 000 chômeurs les moins compliqués à recaser. Martin Hisrch n’est assurément pas d’accord avec cela car c’est un ministre qui sort vraiment du rang ! Heureusement que le Nouvel Obs est là pour nous rappeler qu’il y a encore des rebelles en politique et mieux, qu’ils sont au gouvernement. Car Martin Hirsch est de ceux-là. Il s’est battu contre une partie de la gauche qui le qualifiait de traître et assimilait son système RSA à de la charité cachée. 
Il s’est battu contre une partie de la droite qui le qualifiait de transfuge et assimilait son système RSA à une aide sociale cachée. Bref, il s’est battu contre vents et marée pour imposer son système permettant d’aider les pauvres à rester pauvres… Une vrai victoire pour tous les chômeurs à venir. Qu’il se rassure ce million de personnes en fin de droit, le RSA accroît les inégalités sociales en favorisant le retour à l’emploi des mieux qualifiés, c’est-à-dire de ceux qui en ont le moins besoin et qui sont les moins nombreux dans la difficulté, quand il ne change presque rien à la situation des autres. Qu’il se rassure ce million de chômeurs en fin de droit qui file vers le RSA, les finances des départements n’ont jamais été aussi florissantes. Après tout, ils n’auront qu’à faire moins d’accompagnement et moins de suivi des milliers de personnes venues engorgées les files d’attente. Indéniablement, le RSA est pauvrevore car il finit même par appauvrir les départements.
Bref, avec le RSA, Martin Hirsch a réussi son coup. Il existe et certains s’égarent même à le qualifier de «ministre qui sort du rang ». Reste une question, la « sortie » en vaut-elle la chandelle ?

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